LUNDI 14 AVRIL 2014
L'Allemagne se réarme massivement
Le gouvernement allemandutilise l'escalade du conflit entre l'OTAN et la Russie pour opérer un réarmement militaire massif. C'est ce que souligne un article paru dans la dernière édition de l'hebdomadaire Der Spiegel.
La photo de couverture de l'article résume la situation. La ministre de la Défense, Ursula von der Leyen, tout sourire devant un char, est entourée de soldats de l'armée allemande armés jusqu'aux dents. C'est l'horrible sourire du militarisme allemand qui tente de revenir sur la scène mondiale après avoir mené deux guerres mondiales et commis des crimes épouvantables.
Sous le titre cynique « Les léopards vivent plus longtemps, » allusion aux chars de combat allemands portant ce nom, l'article donne un aperçu sur les projets militaires de l'occident. L'OTAN va être transformée en une alliance antirusse et étendre considérablement sa sphère d'influence en Europe de l'Est. C'est en cela, que l'Allemagne joue un rôle crucial. Les politiciens et stratèges militaires allemands en vue réclament un massif programme de réarmement de l'armée. Selon le Spiegel, « On ne peut arrêter le débat, et l'industrie de l'armement sent là une bonne occasion de faire des affaires. »
L'article examine tout d'abord les choix politiques fondamentaux des puissances impérialistes qui, une fois de plus, empruntent la voie de la confrontation ouverte avec la Russie. Il décrit ensuite les conséquences qui en résulteront pour l'Allemagne.
« La coopération solidement ancrée au fil des années avec la Russie a été abandonnée officiellement la semaine passée, » déclare Der Spiegel. En conséquence, Moscou n'est plus un partenaire, mais un adversaire. Ceci détermine l'étape suivante, même si elle nous ramène en arrière : comment la dissuasion militaire, concept dont on n'avait pas parlé depuis si longtemps en Europe de l'Ouest, fonctionne-t-elle en 2014 ?
Les auteurs passent en revue les chars et l'équipement militaire, et estiment que le « potentiel de dissuasion » de l'armée allemande a été fortement réduit ces dernières années du fait de sa mutation d'une armée « défensive » en une « force d'intervention. »
« Avant la chute du Mur de Berlin, la dissuasion était basée sur la destruction potentielle au moyen de l'arme nucléaire à portée variable et de centaines de milliers de soldats disposant d'armes lourdes, principalement des chars, » précise l'article. Dans le même temps, l'armée allemande à elle seule « et ce même en temps de paix, était forte de quelque 495.000 hommes en uniformes, » en plus de 4.100 chars Léopard et de près de 600 avions.
Mais, depuis lors, le budget de la défense est « passé de 3 à 1,2 pour cent du produit intérieur brut. L'armée allemande qui compte à peine 185.000 hommes devrait subir encore des coupes ; elle est davantage équipée pour des opérations ponctuelles rapides à l'étranger que pour la défense du territoire national. » Au lieu d'avoir des « divisions de blindés et des obus dans la trouée de Fulda (Fulda Gap), » il y a des « parachutistes et des hélicoptères pour le Kosovo, l'Afghanistan ou un pays en crise en Afrique. »
Le message qui apparaît de plus en plus souvent dans les médias allemands est sans équivoque : après des années de réduction des effectifs et du matériel militaire lourd, l'heure est à présent au réarmement !
Der Spiegel cite le patron de l'Institut de politique de sécurité basé à Kiel, Joachim Krause, disant : « La politique de la défense est axée sur des mission de paix dans des conditions relativement favorables. La crise actuelle nous a tout à coup montré que ceci était peut-être trop à sens unique et naïf. Et donc, le ministère de la Défense doit fondamentalement reconsidérer ses appels d'offre. »
Le porte-parole du groupe parlementaire social-démocrate (SPD) pour les questions de défense, Rainer Arnold, est allé dans le même sens en disant, « Nous devons examiner la question de savoir si la réduction incontrôlée de notre flotte de chars au sein de l'OTAN était correcte. En Europe, il nous faut développer conjointement aussi vite que possible des drones. La décision concernant le drone « Euro-hawk » devrait également être réexaminée. » Cela fait référence à un projet parrainé par le gouvernement allemand de mettre au point des drones et qui a été abandonné l'année dernière.
Selon Der Spiegel, le ministère de la Défense est d'ores et déjà en train d'oeuvrer au renforcement de l'OTAN en Europe de l'Est. La ministre de la Défense von der Leyen a demandé « aux généraux de voir quel soutien peut être fourni, par le biais de l'OTAN, aux Etats membres de l'Est. » Il semblerait qu'ils « veuillent proposer des exercices militaires conjoints avec les armées polonaises et baltes, » pays qui sont les plus fervents défenseurs d'un rôle agressif de l'OTAN en Europe de l'Est. Pas plus tard que mardi dernier, le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslav Sikorski, a demandé le déploiement de deux brigades de l'OTAN (quelque 10.000 soldats) en Pologne.
Der Spiegel a fait état de projets de l'OTAN qui seraient dans les faits une déclaration de guerre contre la Russie. « D'importantes sources militaires de l'OTAN réclament, de l'intérieur, d'accroître l'état de préparation des forces terrestres et aériennes occidentales. Actuellement, il faudrait 180 jours pour mobiliser la grande majorité d'entre elles de façon à ce qu'elles soient prêtes à intervenir. Ce délai va être réduit. Ceci concernera au moins 10.000 soldats de l'armée allemande. De plus, selon ces sources militaires, les divisions de blindés vont être renforcées et les dépôts de munitions regarnis. Ce serait le retour du char 'léopard' allemand. »
Parallèlement, Der Spiegel cherche à représenter les politiciens allemands comme étant contraints d'agir en fonction des événements plutôt qu'en prenant les manettes. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, interpréterait la politique en Ukraine comme de la « diplomatie pure » en préconisant une « voie de la désescalade. » La ministre de la Défense est opposée à l'envoi de matériel militaire lourd et de troupes permanentes en Europe de l'Est. Le gouvernement allemand considère la stratégie de l'OTAN avec un « scepticisme extrême et préférerait ignorer la question. »
Ceci est totalement absurde. En fait, les projets de réarmement de l'OTAN expriment une nouvelle orientation de la politique étrangère allemande qui est soutenue par l'ensemble des partis parlementaires. Début février, la ministre de la Défense von der Leyen, Steinmeier et le président Joachim Gauck, avaient annoncé lors de la Conférence sur la sécurité à Munich, la fin de la retenue militaire. La bourgeoisie allemande considère à présent la crise en Ukraine, qu'elle a provoquée, et l'offensive de l'OTAN contre la Russie comme l'occasion de se consacrer à la sphère traditionnelle de l'impérialisme allemand à l'Est en procédant au réarmement.
Mais la poussée vers la guerre de la classe dirigeante se heurte à une vaste opposition. Le récent sondage réalisé par la chaîne publique allemande ARD montre qu'une politique de sécurité militaire accrue en Europe de l'Est est rejetée par la majorité de la population allemande. Seules quatre personnes sur dix se sont prononcées en faveur d'un renforcement de la surveillance aérienne en Europe de l'Est, tandis que 53 pour cent s'y opposent. « La participation de l'armée allemande à de telles mesures seraient très impopulaire ici, » révèle le sondage. « Seule une personne sur trois (35 pour cent) pense que l'engagement allemand est juste, tandis que 61 pour cent sont contre. »
Les sondeurs n'ont pas osé poser de questions sur l'envoi de troupes de l'OTAN en Europe de l'Est, sur la restauration du service militaire obligatoire ou sur le réarmement massif de l'armée allemande. Tous ces projets, qui sont actuellement débattus par l'élite dirigeante, la population s'y oppose encore plus farouchement.
Les projets de déploiement de l'armée sur le plan national à l'avenir doivent être appréhendés dans ce contexte. Lundi, on a annoncé que le ministre de l'Intérieur ambitionnerait bientôt de modifier l'article 35 de la constitution afin de faciliter l'ordre d'abattre des « avions terroristes ». En cas de danger imminent, la ministre de la Défense donnera, seule, l'ordre d'intervention des forces aériennes, a rapportéSpiegel Online.
Le moment choisi pour cette décision montre clairement que le gouvernement allemand n'est pas préoccupé par la lutte contre le terrorisme, mais par le recours à l'armée sur le plan national et qui est strictement limité par la constitution. Ces limites une fois surmontées, l'armée pourrait de nouveau être utilisée pour réprimer l'opposition sociale.
Pas une seule fois, au cours de ces derniers mois et semaines, le gouvernement n'a lancé l'avertissement concret d'une attaque terroriste. Mais il a initié une orientation agressive en matière de politique étrangère, qui est rejetée par la grande majorité de la population. Le renforcement militaire massif doit être considéré comme un double avertissement. Afin de revenir à une politique étrangère impérialiste à l'échelle mondiale, la bourgeoisie allemande est prête à réprimer brutalement toute opposition politique et sociale à l'intérieur du pays.
La photo de couverture de l'article résume la situation. La ministre de la Défense, Ursula von der Leyen, tout sourire devant un char, est entourée de soldats de l'armée allemande armés jusqu'aux dents. C'est l'horrible sourire du militarisme allemand qui tente de revenir sur la scène mondiale après avoir mené deux guerres mondiales et commis des crimes épouvantables.
Sous le titre cynique « Les léopards vivent plus longtemps, » allusion aux chars de combat allemands portant ce nom, l'article donne un aperçu sur les projets militaires de l'occident. L'OTAN va être transformée en une alliance antirusse et étendre considérablement sa sphère d'influence en Europe de l'Est. C'est en cela, que l'Allemagne joue un rôle crucial. Les politiciens et stratèges militaires allemands en vue réclament un massif programme de réarmement de l'armée. Selon le Spiegel, « On ne peut arrêter le débat, et l'industrie de l'armement sent là une bonne occasion de faire des affaires. »
L'article examine tout d'abord les choix politiques fondamentaux des puissances impérialistes qui, une fois de plus, empruntent la voie de la confrontation ouverte avec la Russie. Il décrit ensuite les conséquences qui en résulteront pour l'Allemagne.
« La coopération solidement ancrée au fil des années avec la Russie a été abandonnée officiellement la semaine passée, » déclare Der Spiegel. En conséquence, Moscou n'est plus un partenaire, mais un adversaire. Ceci détermine l'étape suivante, même si elle nous ramène en arrière : comment la dissuasion militaire, concept dont on n'avait pas parlé depuis si longtemps en Europe de l'Ouest, fonctionne-t-elle en 2014 ?
Les auteurs passent en revue les chars et l'équipement militaire, et estiment que le « potentiel de dissuasion » de l'armée allemande a été fortement réduit ces dernières années du fait de sa mutation d'une armée « défensive » en une « force d'intervention. »
« Avant la chute du Mur de Berlin, la dissuasion était basée sur la destruction potentielle au moyen de l'arme nucléaire à portée variable et de centaines de milliers de soldats disposant d'armes lourdes, principalement des chars, » précise l'article. Dans le même temps, l'armée allemande à elle seule « et ce même en temps de paix, était forte de quelque 495.000 hommes en uniformes, » en plus de 4.100 chars Léopard et de près de 600 avions.
Mais, depuis lors, le budget de la défense est « passé de 3 à 1,2 pour cent du produit intérieur brut. L'armée allemande qui compte à peine 185.000 hommes devrait subir encore des coupes ; elle est davantage équipée pour des opérations ponctuelles rapides à l'étranger que pour la défense du territoire national. » Au lieu d'avoir des « divisions de blindés et des obus dans la trouée de Fulda (Fulda Gap), » il y a des « parachutistes et des hélicoptères pour le Kosovo, l'Afghanistan ou un pays en crise en Afrique. »
Le message qui apparaît de plus en plus souvent dans les médias allemands est sans équivoque : après des années de réduction des effectifs et du matériel militaire lourd, l'heure est à présent au réarmement !
Der Spiegel cite le patron de l'Institut de politique de sécurité basé à Kiel, Joachim Krause, disant : « La politique de la défense est axée sur des mission de paix dans des conditions relativement favorables. La crise actuelle nous a tout à coup montré que ceci était peut-être trop à sens unique et naïf. Et donc, le ministère de la Défense doit fondamentalement reconsidérer ses appels d'offre. »
Le porte-parole du groupe parlementaire social-démocrate (SPD) pour les questions de défense, Rainer Arnold, est allé dans le même sens en disant, « Nous devons examiner la question de savoir si la réduction incontrôlée de notre flotte de chars au sein de l'OTAN était correcte. En Europe, il nous faut développer conjointement aussi vite que possible des drones. La décision concernant le drone « Euro-hawk » devrait également être réexaminée. » Cela fait référence à un projet parrainé par le gouvernement allemand de mettre au point des drones et qui a été abandonné l'année dernière.
Selon Der Spiegel, le ministère de la Défense est d'ores et déjà en train d'oeuvrer au renforcement de l'OTAN en Europe de l'Est. La ministre de la Défense von der Leyen a demandé « aux généraux de voir quel soutien peut être fourni, par le biais de l'OTAN, aux Etats membres de l'Est. » Il semblerait qu'ils « veuillent proposer des exercices militaires conjoints avec les armées polonaises et baltes, » pays qui sont les plus fervents défenseurs d'un rôle agressif de l'OTAN en Europe de l'Est. Pas plus tard que mardi dernier, le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslav Sikorski, a demandé le déploiement de deux brigades de l'OTAN (quelque 10.000 soldats) en Pologne.
Der Spiegel a fait état de projets de l'OTAN qui seraient dans les faits une déclaration de guerre contre la Russie. « D'importantes sources militaires de l'OTAN réclament, de l'intérieur, d'accroître l'état de préparation des forces terrestres et aériennes occidentales. Actuellement, il faudrait 180 jours pour mobiliser la grande majorité d'entre elles de façon à ce qu'elles soient prêtes à intervenir. Ce délai va être réduit. Ceci concernera au moins 10.000 soldats de l'armée allemande. De plus, selon ces sources militaires, les divisions de blindés vont être renforcées et les dépôts de munitions regarnis. Ce serait le retour du char 'léopard' allemand. »
Parallèlement, Der Spiegel cherche à représenter les politiciens allemands comme étant contraints d'agir en fonction des événements plutôt qu'en prenant les manettes. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, interpréterait la politique en Ukraine comme de la « diplomatie pure » en préconisant une « voie de la désescalade. » La ministre de la Défense est opposée à l'envoi de matériel militaire lourd et de troupes permanentes en Europe de l'Est. Le gouvernement allemand considère la stratégie de l'OTAN avec un « scepticisme extrême et préférerait ignorer la question. »
Ceci est totalement absurde. En fait, les projets de réarmement de l'OTAN expriment une nouvelle orientation de la politique étrangère allemande qui est soutenue par l'ensemble des partis parlementaires. Début février, la ministre de la Défense von der Leyen, Steinmeier et le président Joachim Gauck, avaient annoncé lors de la Conférence sur la sécurité à Munich, la fin de la retenue militaire. La bourgeoisie allemande considère à présent la crise en Ukraine, qu'elle a provoquée, et l'offensive de l'OTAN contre la Russie comme l'occasion de se consacrer à la sphère traditionnelle de l'impérialisme allemand à l'Est en procédant au réarmement.
Mais la poussée vers la guerre de la classe dirigeante se heurte à une vaste opposition. Le récent sondage réalisé par la chaîne publique allemande ARD montre qu'une politique de sécurité militaire accrue en Europe de l'Est est rejetée par la majorité de la population allemande. Seules quatre personnes sur dix se sont prononcées en faveur d'un renforcement de la surveillance aérienne en Europe de l'Est, tandis que 53 pour cent s'y opposent. « La participation de l'armée allemande à de telles mesures seraient très impopulaire ici, » révèle le sondage. « Seule une personne sur trois (35 pour cent) pense que l'engagement allemand est juste, tandis que 61 pour cent sont contre. »
Les sondeurs n'ont pas osé poser de questions sur l'envoi de troupes de l'OTAN en Europe de l'Est, sur la restauration du service militaire obligatoire ou sur le réarmement massif de l'armée allemande. Tous ces projets, qui sont actuellement débattus par l'élite dirigeante, la population s'y oppose encore plus farouchement.
Les projets de déploiement de l'armée sur le plan national à l'avenir doivent être appréhendés dans ce contexte. Lundi, on a annoncé que le ministre de l'Intérieur ambitionnerait bientôt de modifier l'article 35 de la constitution afin de faciliter l'ordre d'abattre des « avions terroristes ». En cas de danger imminent, la ministre de la Défense donnera, seule, l'ordre d'intervention des forces aériennes, a rapportéSpiegel Online.
Le moment choisi pour cette décision montre clairement que le gouvernement allemand n'est pas préoccupé par la lutte contre le terrorisme, mais par le recours à l'armée sur le plan national et qui est strictement limité par la constitution. Ces limites une fois surmontées, l'armée pourrait de nouveau être utilisée pour réprimer l'opposition sociale.
Pas une seule fois, au cours de ces derniers mois et semaines, le gouvernement n'a lancé l'avertissement concret d'une attaque terroriste. Mais il a initié une orientation agressive en matière de politique étrangère, qui est rejetée par la grande majorité de la population. Le renforcement militaire massif doit être considéré comme un double avertissement. Afin de revenir à une politique étrangère impérialiste à l'échelle mondiale, la bourgeoisie allemande est prête à réprimer brutalement toute opposition politique et sociale à l'intérieur du pays.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire