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jeudi 16 février 2012

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JEUDI 16 FÉVRIER 2012

La guerre secrète des Etats-Unis contre la Syrie

La vérité américaine en Syrie



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Stuart Jeanne Bramhall

Vous avez peut-être remarqué que la rhétorique officielle au sujet de la Syrie change tous les jours —sauf pour ce qui est des attaques méprisantes et insultantes contre la Russie et la Chine pour avoir exercé leur droit de veto au Conseil de Sécurité. Pour être honnête, ce veto se révèle de plus en plus opportun à mesure que les évènements au sol dévoilent la culpabilité des Etats-Unis dans la guerre civile en Syrie. Oui la guerre civile. C’est comme ça que ça s’appelle quand une résistance armée prend les armes contre un gouvernement souverain. Le rapport provisoire de la Mission des Observateurs de la Ligue Arabe (la Ligue Arabe a refusé « d’approuver » le rapport mais il y a eu des fuites) confirme clairement la présence « d’une entité armée » en Syrie. Des descriptions détaillées de militants qui tirent sur les forces gouvernementales ainsi que le fait que des bombes soient posées pour faire exploser les infrastructures gouvernementales et civiles semblent confirmer les déclarations d’Assad comme quoi des militants islamistes essayent de renverser le gouvernement. Vous pouvez lire le Rapport de la Mission des Observateurs de la Ligue Arabe sur le site web de l’université de Columbia.
Au début l’administration Obama a expliqué tout cela en affirmant que les manifestants syriens non-violents étaient si désespérés par l’intransigeance d’Assad qu’ils se sont joints aux militaires qui avaient quitté l’armée syrienne. Il y a un jour et demi, quand deux bombes ont explosé à Alep en faisant 25 morts, on nous a dit que c’était une manoeuvre cynique du gouvernement syrien pour discréditer l’Armée Syrienne Libre. Mais cette version n’a pas pu être maintenue après que les militants aient assassiné un général syrien, un docteur qui dirigeait un hôpital militaire de Damas. Maintenant on nous dit que les membres iraquiens de Al Qaeda profitent de l’agitation civile syrienne pour traverser la frontière et devenir une Al Qaeda syrienne.


Le soutien de l’OTAN aux militants armés syriens

Le problème avec cette nouvelle version des évènements c’est que cela fait plusieurs mois que des analystes du Moyen-Orient respectés comme Sibel Edmonds, une ancienne interprète du FBI qui a le don de mettre à jour des informations cachées, Philip Giraldi, un ancien officier de la CIA, John R. Bradley, auteur et correspondant étranger britannique et Michel Chossudovsky, un économiste canadien et analyste de la mondialisation, parlent de la résistance armée en Syrie. De plus tous les quatre apportent de plus en plus de preuves que les Etats-Unis, la Turquie et d’autres membres de l’OTAN, de même que la Jordanie, l’Arabie Saoudite et le Qatar entraînent ces militants armés et leur fournissent des armes et de l’argent.
Edmonds a parlé pour la première fois en novembre dernier de l’implication de forces de l’OTAN et des Etats-Unis dans l’armement et l’entraînement des militants syriens. Le 21 novembre 2011 des sources turques l’ont informée de la présence de camps d’entraînement secrets dans la base de l’aviation étasunienne de Incirlik. Ces camps auraient été installés dans le but d’organiser et d’étendre la base de la dissidence en Syrie.
D’après ses sources, il s’agirait de faire entrer des armes étasuniennes en contrebande en Syrie, de participer à une guerre psychologique à l’intérieur de la Syrie et d’ouvrir un couloir humanitaire/médical entre la Syrie et la Turquie pour soutenir les groupes d’opposition.
Le 11 décembre elle a rapporté, sur la foi de sources jordaniennes parmi lesquelles un officier jordanien, que des centaines de soldats de langue étrangère avaient été observées près de la frontière entre la Jordanie et la Syrie. Ses informateurs lui ont aussi dit que l’OTAN avait établi un second camp d’entraînement près de Mafraq, en Jordanie, pour entraîner la branche armée des Frères Musulmans syriens. Elle a aussi été informée par un reporter iraquien basé à Londres, qu’un nombre inconnu de soldats étasuniens avait été envoyés d’Irak à Mafraq en Jordanie.
Huit jour plus tard, l’ancien officier de la CIA, Philip Geraldi, a confirmé pour l’essentiel les assertions d’Edmonds concernant l’OTAN et la Syrie. C’était dans un article qu’il avait écrit pour la revue American Conservative grâce à des fuites d’analystes de la CIA inquiets de la « marche vers la guerre » contre la Syrie que l’administration Obama semblait entreprendre.
Selon Geraldi, la CIA a refusé de signer le rapport de l’ONU fréquemment cité selon lequel plus de 3500 civils avaient été tués par les troupes d’Assad. Pour la CIA, cette information provenait uniquement de sources rebelles et n’était pas corroborée. La CIA a aussi fait valoir que les affirmations du gouvernement syrien selon lesquelles il était attaqué par des groupes rebelles armés, financés et entraînés par des gouvernements étrangers étaient plus vraies que fausses.
Des informateurs anonymes de la CIA lui ont aussi signalé que des avions de l’OTAN arrivaient sur les bases militaires turques près de Iskenderum à la frontière syrienne, chargés d’armes provenant des arsenaux de Mouammar Kadhafi et de volontaires du Conseil National de Transition libyen. Là, ces derniers ainsi que des forces spéciales françaises et britanniques formaient les membres de l’Armée Libre Syrienne. Selon ces sources, le rôle de la CIA et des Forces Spéciales étasuniennes dans tout cela était de fournir du renseignement et de l’assistance en communications.

Le peuple soutient le gouvernement laïque syrien
Selon John R Bradley, l’auteur de « Après la révolution arabe » et le seul analyste à avoir prédit la révolution égyptienne, l’Arabie Saoudite et le Qatar fournissent aussi des armes et des fonds à l’Armée Libre Syrienne. Dans un interview avec Russia Today, Bradley reconnaît que le président syrien est un despote sans merci. Cependant il souligne que le président syrien est un des derniers leaders arabes laïques et qu’il dirige le pays du Moyen-Orient où il y a les plus d’ethnies différentes. Pour le moment il jouit d’un grand soutien populaire parce que beaucoup de Syriens le voient comme le dernier bastion contre le fondamentalisme islamique, à l’instar de celui qui vient juste d’être installé au pouvoir en Libye.
Des habitants de Homs (la ville syrienne assiégée) qui ont participé à l’émission de la BBC « Have Your Say » du 10 février semblent partager ce point de vue. Aucun d’eux n’est un grand fan de l’administration laïque d’Assad mais ils la préfèrent de loin à la Loi de la Sharia.

La stratégie des Etats-Unis au Moyen-Orient
Michel Chossudovksy, qui lui aussi écrit depuis des mois des articles sur la guerre secrète des Etats-Unis contre la Syrie, s’inquiète plus particulièrement de sa signification dans le contexte plus large des objectifs étasuniens au Moyen-Orient. Il explique que les Etats-Unis ont pris pour cible la Syrie à la fois parce qu’elle entretient une l’alliance stratégique avec l’Iran et parce que le Pentagone veut isoler et encercler l’Iran pour ensuite renverser son gouvernement. Dans un interview radiophonique récent sur « Guns and Butter » il explique que les Etats-Unis ont procédé systématiquement à l’occupation et/ou la militarisation de quasiment tous les pays qui entourent l’Iran. D’abord ils ont occupé l’Afghanistan et le Pakistan (cible d’une seconde guerre non déclarée) qui se trouvent à l’ouest de l’Iran. Puis ils ont envahi l’Irak qui est toujours partiellement occupé, et, à l’est de l’Iran, il y a le Koweït (où les Etats-Unis ont déployé 15000 soldats en décembre) et la Turquie. Enfin il y a l’Arabie Saoudite (qui héberge aussi une énorme base étasunienne) et le Qatar au sud. Selon Chossudovksy, l’intervention militaire en Syrie se propagera au Liban avec l’implication du Hezbollah, ce qui neutraliserait effectivement les derniers alliés de l’Iran.
Dans un article inquiétant et récent intitulé « Quand les jeux de guerre deviennent vrais » Chossoduvsky cite un extrait du livre de général à la retraite, Wesley Clark, publié en 2003 et intitulé « Pour gagner les guerres modernes » à propos du rôle de l’intervention militaire contre la Syrie et l’Iran dans la grandiose stratégie du Pentagone au Moyen-Orient. Selon Clark, le Pentagone fait des préparatifs pour attaquer les deux pays depuis le milieu des années 1990. A la page 130 de son livre, Clark écrit :
« Quand je suis repassé au Pentagone en novembre 2001, un des officiers de haut rang a pris le temps de bavarder avec moi. Oui nous envisagions toujours d’attaquer l’Irak m’a-t-il dit. Mais ce n’était pas tout. Cela faisait partie d’un plan de campagne de cinq ans, a-t-il ajouté, qui concernait sept pays en tout, à commencer par l’Irak, puis la Syrie, le Liban, la Libye, l’Iran, la Somalie et le Soudan ».
La fiabilité de ces prédictions, en dépit du passage en 2008 du leadership de George Bush, un soi-disant faucon néo-con, à celui de Barack Obama, un supposé avocat de la manière douce, s’est révélée étonnante. Les Etats-Unis continuent d’occuper l’Irak en plus des guerres qu’ils mènent en Somalie et au Soudan. On peut penser que l’intervention en Libye a pris fin maintenant qu’un régime favorable aux Etats-Unis a accepté de privatiser le pétrole libyen pour le plus grand profit des multinationales pétrolières étasuniennes.
Selon Chossoduvsky, des pays comme l’Irak, la Libye, la Somalie, l’Iran et le Soudan sont devenues des cibles à abattre pour les Etats-Unis parce qu’ils ont refusé de jouer le jeu en laissant les entreprises anglo-saxonnes exploiter leur pétrole à leur convenance. Quant aux pays pauvres en pétrole comme la Syrie et le Liban, si les Etats-Unis veulent les détruire c’est en raison de leurs alliances stratégiques avec l’Iran qui est riche en pétrole.
Stuart Jeanne Bramhall


Dr. Stuart Bramhall est une militante, auteure et psychiatre américaine de 63 ans, qui a émigré en Nouvelle Zélande où elle se considère comme une réfugiée politique. Ses travaux comprennent un roman : The Battle for Tomorrow qui parle d’une jeune fille de 16 ans arrêtée pour avoir participé au blocus et à l’occupation du Capitole américain, et un livre de mémoires : The Most Revolutionary Act : Memoir of an American Refugee qui explique sa décision de quitter Seattle après 15 ans de persécutions de la part du gouvernement pour se réfugier en Nouvelle Zélande.


Traduction : Dominique Muselet

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